lundi 3 décembre 2012

Proust, madeleines et bouse de vache

Je vous le dis tout net, cash et brut de décoffrage, j'aime l'automne. C'est même ma saison préférée. Bon, question cadre de vie et environnement je pars effectivement avec un avantage certain et au vu ce que j'ai pu découvrir lors de mes pérégrinations diverses z'et variées, je conçois parfaitement que le bourdon puisse pécho tout ce qui lui passe à portée de main à cette époque.

Mais mais mais rassurez-vous, je vous épargnerai le côté bisounours de cette saison, de la nature qui s'endort doucement avant de revêtir son blanc manteau immaculé même que Persil lave plus blanc que blanc. Quoique, j'aime bien cette sérénité retrouvée. Plus prosaïquement, c'est la fin du grand barnum de l'été : disparus les mollets poilus qui arpentent frénétiquement les sentiers de randonnée, fini le match agriculteurs/bulletin météo pour rentrer le foin...

Tout à l'air plus calme donc mais en y regardant de près, l'activité reste intense : Les troupeaux redescendent d'alpage, on fait le bois pour l'hiver, on zigouille le cochon ou on prépare encore pistes et remontées mécaniques avant d'attaquer le grand cirque blanc.

Pour moi, l'automne est la saison où la lumière confine à la magie. Dès la fin août elle devient légèrement plus blanche voire laiteuse, l'air est d'une limpidité absolue si bien que chaque détail du paysage, chaque aspérité ou chaque couleur est littéralement sculpté et magnifié. 






L'automne, c'est aussi ce temps gris de novembre que j'aime trop... Le couvercle si bas verrouillant toute perspective, les jours qui tombent tellement tôt, les rues des villages désertes et cette neige à la fois attendue et redoutée qui me donnent à chaque fois de furieuses envies de chocolat chaud et de tartines beurrées ! Naaan, je ne suis pas taré, tout au plus dois-je vous concéder (et encore du bout des lèvres) un léger problème d'étanchéité du côté de dedans ma tête.

  


Vous l'aurez compris, l'automne est la saison où je ramasse les madeleines du jeune Proust à la pelle (à neige). Voire au Trax les jours où mon poil dans la main me gène un peu trop.


En fait, je me suis aperçu que parmi mes souvenirs les plus vivaces, beaucoup sont liés à des senteurs. Et à propos de tartines beurrées justement, la couleur jaune, le goût si fruité et surtout le parfum unique du beurre qu'on achetait à l'alpage d'Entre deux Eaux me font croûcroûter sec le disque dur, dossier enfance. C'est que côté mémoire olfactive j'ai aux fesses un statoréacteur hypersonique à chambre de combustion externe !

Parmi tout ce qui me titille la péninsule en ce moment, l'épandage du fumier sur les prés décroche la timbale. Que du bonheur ça, un vrai tombereau de madeleines ! Ou plutôt tout un train de l'Union Pacific grimpant les Black Hills, 24000 cv de bon gros diesel en tête hurlant leur joie du feu de Dieu de sa race de la vie de sa mère en slip à Prisunic même pas je la calcule grave. Ceci-dit, désolé de décevoir les plus tordus d'entre vous car si je penche effectivement du côté où je vais tomber, ça ne sera certainement pas versant scatophilie. 



Bref, la machine à souvenirs à fond dans les tours, je me suis amusé à repérer quelques unes des balises olfactives qui m'ont le plus marqué et qui pour beaucoup donnent dans la bouse de vache. Pour les taraudés du bulbe dotés de la mémoire instantanée d'un guppy, voir quelques lignes plus haut.

Il y a d'abord l'odeur des premières gouttes de pluie sur le sol sec... 


Et l'odeur du foin que l'on engrange, de l'herbe fraîchement coupée...



Il y a aussi l'odeur âcre et acide de la transpiration du mulet après une journée de débardage. Et celle des vaches à l'écurie. Ou bien encore du poulailler.


Il y a cette légère et divine odeur de salsifi venant des crosnes que ma grand-mère avait l'infinie patience de me préparer chaque automne. Sans oublier le parfum du foie gras de canard que l'autre mémé de Saint Gaudens nous faisait tous les Noëls. Et que dire de la confiture de framboises sauvages embaumant toute la maison après une après-midi cueillette dans la forêt du Suiffet !

Sans oublier la pommade Mitosyl ! Ca c'était pour la naissance de mes deux frangins. Mais surtout, surtout il y a le véritable catalogue Manufrance des senteurs de chez le tonton Georges d'Arreau dans les Pyrénées.


J'ai des souvenirs extraordinairement forts des vacances passées là-bas : l'odeur de la bauge du cochon, de la soupe pommes de terre et petit lait pour l'engraisser, des clapiers à lapins, du pigeonnier... 


Parmi les nombreuses cordes à son arc, le grand oncle était non seulement une ancienne gloire locale du rugby mais aussi grainetier. Jamais dans toute ma vie je n'ai senti quelque chose d'aussi bon que ces sacs en grosse toile de jute débordant de graines et de semences toutes plus colorées les unes que les autres. Du vrai jus de bonheur, à faire passer celui du Chanel n° 5 pour une vieille daube rance. Plus tard, je n'ai eu que deux occasions de faire revivre ce ravissement à mes trous de nez. Dans un tout petit magasin de Modane où j'achetais l'os de seiche pour les canaris et à Chambéry, anciennement chez Madelon-Pollet. Tous les prétextes étaient bons pour jouer au Saint-Hubert ! Oreilles au vent et truffe à l'air je passais de long moments à hanter les rayons en respirant à fond comme un yogi en extase.

Les vendeurs devaient me prendre pour un taré mais naaan, tout au plus dois-je admettre (et encore du bout des lèvres) un léger problème d'étanchéité du côté de dedans ma tête.Voilà, assez enfilé de madeleines pour aujourd'hui ! A vous de jouer en me racontant les vôtres.

lundi 26 novembre 2012

Ces merveilleux fous volants...

Le design baroque flamboyant post-gothique décadent de l'engin me fait immanquablement penser à Satanas et Diabolo, deux anti-héros des dessins animés de mon enfance. A bord d'avions tous plus bricolos les uns que les autres, ils tentaient désespérément d'attraper le pigeon voyageur transportant le courrier. Bien sûr, ça ratait tout le temps, Satanas piquait des colères noires tandis que le comparse canin Diabolo avait une sorte de ricanement débile qui a fait les beaux jours des cours de récréation !


Ces images qui ne datent pourtant que de 1930 prêtent à sourire quand on voit le côté antédiluvien de la bête. Avec des moteurs à vous ventiler les tympans menu menu, une cabine ouverte à tous les courants d'air et quasiment pas chauffée, un aménagement intérieur à faire couiner de bonheur un Spartiate et des fauteuils en osier histoire de gagner du kilo, il fallait quand même être zen et détendu(e) du bocal pour oser monter à bord.

Mais bon, respect M'sieurs Dames parce que vous avez sous les yeux le Boeing 747 de l'époque. C'est comme pour les trains, je raffole de ces machins complètement improbables avec des zigouigouis, des bidules qui dépassent de partout, une aérodynamique d'enclume et une voilure d'un rendement et d'une finesse dignes de la Grosse Bertha. Avantage quand même : En guise de piste, une petite prairie suffisait car le bestiau était gaulé comme un 4x4 et se posait dans un mouchoir de poche. Le bonheur était dans le pré !

Du coup, on peut rêver... Fini le délire Notre Dame Landesque de notre Premier Ministre et la contestation peut nous refaire le coup de l'assomption. L'agriculteur loue son champ et on pousse un peu les vaches quand le vol de Trifouillis les Oies est en approche finale. Quant à l'aérogare, on vire le simplet de la grange, on met deux ou trois tables, Germaine enfile vite fait sa robe des dimanches, Théophraste son uniforme de garde champêtre et pour les fouilles au corps, hop ! derrière le tas de fumier. Que du bonheur ! On se gondole, on se gondole mais finalement on n'est pas si éloigné que ça de la réalité d'un voyage sur Ryanair...

80 ans séparent le Handley Page Heracles de l'Airbus A380. C'est quoi finalement ? Une femtoseconde à l'échelle de l'univers mais une vie entière sur Terre. Et dans cette pichenette temporale l'évolution technologique a été colossale. Avant c'était tringlerie, bois et toile. Maintenant c'est matériaux composites collés et logiciels de pilotage intègrant la souplesse de l'avion dans leurs paramètres. D'ailleurs admirez seulement le gros poupon d'Airbus qui se pose par fort vent de travers. La voilure est tellement souple qu'on dirait qu'il bat des ailes. Bonjour les contraintes mécaniques au niveau de la jonction voilure/fuselage !


Petit exercice de prospective appliquée : Sachant que l'accélération du progrès technique est exponentielle, imaginez en quarante pages à quoi ressemblera l'Airbus géant de dans 80 ans. Je ramasse les copies demain matin.

PS : N'étant pas à une contradiction près, voici une photo d'un de Havilland Dragon Rapide, une beauté des années 30. Rien qui dépasse, du style "streamlined" pur jus. J'adore !








 


mardi 20 novembre 2012

Ici the Queen. Les rosbeefs parlent aux Etats-Uniens. Je répète...

J'ai reçu ça sur fesse bouc il y a quelques jours. Je ne sais pas quel est le grand plaisantin qui a commis ça, mais il a un sens de l'humour et un talent du feu de Dieu ! j'ai ri aux larmes ! Promis juré, je vous le traduis dès que j'ai un moment.

To the citizens of the United States of America from Her Sovereign Majesty Queen Elizabeth II


In light of your failure in recent years to nominate competent candidates for President of the USA and thus to govern yourselves, we hereby give notice of the revocation of your independence, effective immediately. (You should look up 'revocation' in the Oxford English Dictionary.)

Her Sovereign Majesty Queen Elizabeth II will resume monarchical duties over all states, commonwealths, and territories (except North Dakota, which she does not fancy).

Your new Prime Minister, David Cameron, will appoint a Governor for America without the need for further elections.

Congress and the Senate will be disbanded. A questionnaire may be circulated next year to determine whether any of you noticed.

To aid in the transition to a British Crown dependency, the following rules are introduced with immediate effect:


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1. The letter 'U' will be reinstated in words such as 'colour,' 'favour,' 'labour' and 'neighbour.' Likewise, you will learn to spell 'doughnut' without skipping half the letters, and the suffix '-ize' will be replaced by the suffix '-ise.' Generally, you will be expected to raise your vocabulary to acceptable levels. (look up 'vocabulary').

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2. Using the same twenty-seven words interspersed with filler noises such as ''like' and 'you know' is an unacceptable and inefficient form of communication. There is no such thing as U.S. English. We will let Microsoft know on your behalf. The Microsoft spell-checker will be adjusted to take into account the reinstated letter 'u'' and the elimination of '-ize.'

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3. July 4th will no longer be celebrated as a holiday.

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4. You will learn to resolve personal issues without using guns, lawyers, or therapists. The fact that you need so many lawyers and therapists shows that you're not quite ready to be independent. Guns should only be used for shooting grouse. If you can't sort things out without suing someone or speaking to a therapist, then you're not ready to shoot grouse.

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5. Therefore, you will no longer be allowed to own or carry anything more dangerous than a vegetable peeler. Although a permit will be required if you wish to carry a vegetable peeler in public.

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6. All intersections will be replaced with roundabouts, and you will start driving on the left side with immediate effect. At the same time, you will go metric with immediate effect and without the benefit of conversion tables. Both roundabouts and metrication will help you understand the British sense of humour.

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7. The former USA will adopt UK prices on petrol (which you have been calling gasoline) of roughly $10/US gallon. Get used to it.

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8. You will learn to make real chips. Those things you call French fries are not real chips, and those things you insist on calling potato chips are properly called crisps. Real chips are thick cut, fried in animal fat, and dressed not with catsup but with vinegar.

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9. The cold, tasteless stuff you insist on calling beer is not actually beer at all. Henceforth, only proper British Bitter will be referred to as beer, and European brews of known and accepted provenance will be referred to as Lager. South African beer is also acceptable, as they are pound for pound the greatest sporting nation on earth and it can only be due to the beer. They are also part of the British Commonwealth - see what it did for them. American brands will be referred to as Near-Frozen Gnat's Urine, so that all can be sold without risk of further confusion.

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10. Hollywood will be required occasionally to cast English actors as good guys. Hollywood will also be required to cast English actors to play English characters. Watching Andie Macdowell attempt English dialect in Four Weddings and a Funeral was an experience akin to having one's ears removed with a cheese grater.

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11. You will cease playing American football. There is only one kind of proper football; you call it soccer. Those of you brave enough will, in time, be allowed to play rugby (which has some similarities to American football, but does not involve stopping for a rest every twenty seconds or wearing full kevlar body armour like a bunch of nancies).

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12. Further, you will stop playing baseball. It is not reasonable to host an event called the World Series for a game which is not played outside of America. Since only 2.1% of you are aware there is a world beyond your borders, your error is understandable. You will learn cricket, and we will let you face the South Africans first to take the sting out of their deliveries.

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13.. You must tell us who killed JFK. It's been driving us mad.

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14. An internal revenue agent (i.e. tax collector) from Her Majesty's Government will be with you shortly to ensure the acquisition of all monies due (backdated to 1776).

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15. Daily Tea Time begins promptly at 4 p.m. with proper cups, with saucers, and never mugs, with high quality biscuits (cookies) and cakes; plus strawberries (with cream) when in season.

God Save the Queen!


PS: Only share this with friends who have a good sense of humour (NOT humor)!

lundi 19 novembre 2012

France Inter forever



 Encore une pépite entendue par hasard sur France Inter...

dimanche 18 novembre 2012

Le beurre, l'argent du beurre et la crémière

J'habite un coin merveilleux certes, mais la ville me manque parfois. Tenez, la sublime Mélody Gardot était à Grenoble l'autre soir. Admettez que ça fait tout de même un peu loin la sortie... Oui oui je sais, je vous entends hululer d'ici que je veux le beurre, l'argent du beurre, les cochons, les veaux, les poules et les canards. Et bien sûr grebouter la crémière. Ou la vache. Enfin je sais plus.

Encore plus loin il y a l'expo Hopper à Paris, au Grand Palais. J'ai découvert ce peintre par le plus grand des hasards il y a quelques années, en traînant dans une librairie. Pour la biographie officielle, vous êtes grands, allez donc prendre le thé chez Mme et M. Wikipedia. Toujours est-il que son oeuvre est essentiellent constituée de scènes de la vie quotidienne américaine, peintes de façon réaliste et tous ses personnages reflètent la solitude et l'angoisse des hommes et femmes de cette époque. 

Cette peinture m'a vraiment impressionné et du coup j'ai profité de mes balades en ville pour observer un peu. Je n'ai pas été déçu.


J'avais repéré un bar à Grenoble avec la même ambiance qu'un tableau de Hopper : lumière jaune, blafarde, déco à pleurer et là, des gens semblant complètement paumés pour certains. Pas mal de photos ont une qualité de merde, mais planquer au 300 mm, sans pied à la nuit tombée c'est pas évident. Oui, parce que je me cachais ! C'est un brin pervers ce truc : On vole un instant, voire son âme à une personne qui ne se doute absolument de rien et on oscille entre plaisir interdit et culpabilité...




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Je n'avais pas vu ces images depuis longtemps. Pause après une grosse journée de travail ? Petite déprime, grande solitude ? Questionnement existentiel ? J'avoue être toujours aussi troublé par mon côté un peu voyeur...

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Pas vu pas pris ?










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Hopper a peint beaucoup de scènes de l'Amérique profonde et toujours apparaît ce même sentiment de tristesse, de solitude et d'incompréhension face au progrès. D'ailleurs, Hitchcock s'est inspiré de cette maison pour son film "Psychose"...



Ca c'était à Schreveningen aux Pays Bas. Ce que l'image ne montre pas, c'est tout le groupe d'adolescentes sur la plage...



Quartier de Bonne, Grenoble...




Nouveau quartier de la Presqu'île, Lyon

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Marilyn, jolie Marilyn, tellement présente et pourtant à des années lumière... Où t'es-tu perdue ?