mercredi 28 juillet 2010

Anorak, anorak, est-ce que j'ai une gueule d'anorak ?

Je ne boude pas mon plaisir d'emmerder encore une fois bien profond l'hélicologiste d'opérette Arthus-Bertrand et de vous montrer du vrai chemin de fer, du qui fume, du qui couine et qui grince ! Et de vous parler par la même occasion d'une étrange frange de la population rosbeef qu'on appelle "les anoraks".

L'anorak est un passionné de trains, d'avions ou de locomobiles. Solitaire, boutonneux avec lunettes, il n'attache que peu d'importance à sa tenue vestimentaire et ne porte la plupart du temps qu'un parka informe (un "anorak" en anglais) sorti tout droit du surplus militaire local. D'où son surnom.

Dans les boums adolescentes (et plus tard dans la vie), l'anorak n'a aucun succès auprès des filles ("pas leur genre !") et il est souvent l'objet de moqueries de la part de ses congénères. Il se réfugie alors dans sa passion qui peut prendre les formes les plus inattendues et parmi elles le trainspotting.

Le trainspotting consiste à se placer quelle que soit la météo au bord d'une voie ferrée et de là à noter, photographier ou filmer tout ce qui roule. Bien sûr, plus le train est rare, plus la photo a de la valeur et plus le prestige de l'anorak enfle... Comme pour le tour de France, il y a des spots ferroviaires mythiques et la Lickey Incline entre Birmingham et Gloucester fait assurément partie de ceux-là. Construite en 1832 par Isambard Kingdom Brunel (mon héros !) cette rampe a vu s'époumoner tout ce qui a roulé ou roule sur les voies de feu British rail.


Le long de la rampe, vous serez pris par la poésie de deux class 66 décollant un train de charbon. Les deux fois 130 tonnes d'acier des grosses CC, les 6500 cv des diesels deux temps EMD 12-710 à plein régime qui donnent tout ce qu'ils ont dans les tripes... c'est wagnérien ! A mi-chemin, les roues grincent, la motrice de tête est à la limite du patinage. Vite, injecter du sable pour refaire de l'adhérence ! Enfin la Class 66 de pousse passe devant vous... Le mécanicien connaît son affaire, il n'a pas planté de chou ! Et là vous ne pouvez pas vous empêcher de vous dire : "Alors, heureuse ?".



L'un de mes plus beau souvenirs ferroviaires (oui, j'avoue, je suis trainspotter dans une vie parallèle...) me vient de Grande Bretagne, de la gare de Huntingdon exactement. Là, les rames diesel HST 125 pour Londres ou Manchester sont lancées à 200 km/h et passent dans une symphonie ahurissante de hurlements de turbos. Des vrais cris à la Ligeti... C'est grandiose, on frise l'extase ! Rhââââ lovely !

Voilà, j'espère maintenant que vous serez un peu plus "aware" quand vous verrez passer un train !

Au fait bande de petits chenapans, histoire de vous faire boire le calice jusqu'à la lie, l'illustration musicale est un extrait de la symphonie "Pacific 231" d'Artheur Honneger. Mwahahahahahahaha !

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