samedi 16 octobre 2010

Après le "boys band", le "prêtres bandent" ou les chrétiens des Alpes


Vous n'avez pas pu rater ça. Depuis des mois, TF1 nous les brise menu façon puzzle avec sa dernière trouvaille, je veux parler du trio infernal "les prêtres". On a droit à la totale : marketing ultra agressif, promotion rouleau compresseur, multidiffusion du clip aux heures de plus grande écoute... La TF1 panzer division a bien réussi son coup puisque la tournée s'annonce triomphale et le disque  n° 1 des ventes... C'est comme André Rieux pour la musique classique, ça fait vraiment mal par où ça passe.

Voir ces trois curés nous bêler à tue tête la sarabande de Haendel me donne effectivement des aigreurs d'estomac. Autant elle est merveilleuse dans le film "Barry Lindon" du Génial Kubrik, autant là, pitié ! Pourquoi tant de haine Saigneur ?


Le Saigneur en remet d'ailleurs une sacrée couche avec le clip mystico-religioso-débile qui fait passer "Da Vinci Code" pour le dernier des nanards (ce qui n'est vraiment pas difficile, soit dit en passant). Dans une ambiance digne d'un mauvais clip de Mylène Farmer, on a droit à tous les poncifs du genre : moines du Moyen-Age encapuchonnés, scènes de tristesse et de liesse, nos curés dans la neige, le tout sur fond d'images de sommets blancs (où il fait un vent à décorner les boeufs) et de clochers romans-lombards du Gapençais.

Parce que oui, "les prêtres" sont originaires de Gap, diocèse de Monseigneur Di Falco, grand communicateur bling bling de l'Eglise de France et a qui a commis ça. D'ailleurs, on le voit en prière, disons en extase plutôt, bras ouverts pour mieux accueillir les €uros de cette juteuse opération qui tombent dru.
Cette histoire me laisse un drôle de goût dans la bouche. Monseigneur a annoncé que les bénéfices de l'opération iraient à la construction d'une école à Madagascar (laprovence.com, 25 avril 2010). Si oui je trouve qu'on est tombé au degré zéro du charity business tellement c'est puant commercialement parlant. Alors, opération de communication ? Il semble aussi que oui. Mais on en demandait pas tant parce que là, l'Eglise est passée en mode supersonique du néanderthalien au néant intellectuel sauce TF1. Et puis, si elle veut communiquer moderne, pourquoi diable utiliser le latin ? Mystère...

Et puisque les théories du complot ont la cote, vous ne trouvez pas ce timing un peu bizarre ? Le petit Nicolas a fortement déçu l'électorat catholique qui le lui fait cher payer. Aujourd'hui en pleine reconquête et par la même occasion en pleine chasse sur les terres frontistes, pouf ! On nous sort du chapeau les curés bêlants. Et pour couronner le tout, la campagne promo recommence pile au moment ou le Pape reçoit le petit Nicolas, qui soit dit en passant à la même taille que lui ! Alors de trois choses l'une :

- TF1 et Monseigneur Di Falco ont réalisé une très belle opération commerciale
- "Spiritus Dei" n'est que l'instrument d'une reconquête politique de l'électorat catholique
- Monseigneur Di Falco est un génie du business et du marketing, opportuniste au possible.

Et la foi dans tout ça ?

Eh bien elle était sur Arte, qui a diffusé tout récemment "le Grand silence", du cinéaste allemand Philip Gröning. Celui-ci a mis 16 ans avant que sa caméra ne soit acceptée au sein de la communauté des moines de la Grande Charteuse. Et encore, à la condition expresse de respecter strictement la règle de Saint Bruno, à savoir silence absolu.


Et pourtant ce silence est riche de la foi incroyable de ces pères Chartreux comme des petits bruits de la vie quotidienne. Le crissement des ciseaux coupant la toile de laine, la neige qui tombe, un courant d'air le long d'un immense couloir, deux doigts qui trempent dans l'eau bénite du bénitier...

Entre les pères Chartreux et le trio mugissant, l'écart est intergalactique. Appartiennent-ils seulement à la même Eglise ? J'ai beau essayer d'être le plus moderne possible, je ne comprends pas la démarche de Monseigneur Di Falco. Pourquoi choisir du médiocre pour attirer le fidèle alors que la mission de notre communicant serait au contraire d'élever nos pauvres âmes ?

Bref, à trop fricoter avec les marchands du temple, je trouve qu'il s'est méchamment pris les pieds dans le tapis. Bon c'est pas le tout ça mais j'ai du silence à écouter.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire