dimanche 13 juin 2010

Aware, vous avez dit aware ?


Quand lors de ses interviews surréalistes Jean Claude Van Damme se dit "aware", la terre entière se gondole comme une grosse baleine en le prenant pour un joyeux doux dingue. Moi aussi j'ai bien ri mais en y réfléchissant à deux fois, je trouve que finalement le concept n'est pas si débile que ça.


Car oui, moi aussi, il m'arrive d'être "aware" ! Je m'explique.

N'avez-vous jamais été vraiment conscient(e) de temps en temps de votre position dans le Grand Tout ? Dans un univers où les chiffres et les concepts ne sont compréhensibles que d'une petite communauté d'astronomes et d'astrophysiens fous tant ils sont cyclopéens ?


Dans un univers où les chiffres et les concepts ne sont compréhensibles que d'une petite communauté de physiciens fous tant ils sont microscocopiques ?

Technique d'observation d'atomes par "prise d’empreinte" en distinguant des atomes d'étain (bleu) et de plomb (vert) déposés sur un substrat en silicium (rouge)

Moi oui. Ca me donne le vertige et j'adore ça ! Et c'est là que je suis aware et que je pars dans un film hallucinant à faire passer Avatar pour le dernier des nanards. Le scénario est forcément limité (j'ai en effet réussi l'exploit d'avoir mon bac D avec un 2/20 coefficient 4 en physique), mais ce que j'imagine me suffit déjà amplement.

Allez, en avant la musique !

Comme d'hab' je trainaille en gare de Grenoble et je tombe sur un TGV. Approchez-vous et baissez-vous. Oui, là, regardez l'essieu. Voilà la roue maintenant. Vous avez même droit au diagramme montrant les contraintes qui s'appliquent dessus, bande de petits veinards (l'endroit où la roue est en contact avec le rail est symbolisé par les deux flèches roses) !


Vous voyez le petit bourrelet d'à peine plus d'un centimètre ? Eh bien c'est ce qui tient le train sur les rails. Et encore, en partie ! Parce que le l'essentiel du guidage est assuré par les rails eux mêmes : La partie plate sur le dessus est légèrement inclinée vers l'intérieur... Et hop, le tour est joué ! Pensez-y la prochaine fois que vous siroterez tranquillement un café dans un TGV à deux niveaux lancé à 300 km/h !

Allez, on continue ?

En y regardant d'encore plus près, on arrive aux molécules et aux atomes du métal. Et là, surprise, c'est presque vide ! Ben oui, il y a plus de vide que de matière dans cette roue en acier ! Et encore, si on peut parler de matière à ce niveau. La mécanique quantique prévoit qu'elle est en effet onde et corpuscule à la fois. Donc impossible de l'observer directement ! Enfin, tout ça tient par la force électromagnétique. Et ces atomes sont formés d'électrons, de neutrons et de protons, ces derniers étant eux-mêmes formés de trois quarks, ces derniers etc etc..... Très grosso et très modo, le film s'arrête là pour l'instant. Parce la blague est que plus on veut voir petit, plus il faut d'énergie ! C'est pour ça qu'on fonde de grands espoirs sur le nouvel anneau de collision de particules du Cern, à côté de Genève.


Premier résultat de choc entre particules au Lep

Alors voilà, dans ces moments là je me sens comme Jean Claude, complètement aware : Tous ces concepts, ces phénomènes, ces singularités, ces lois qui régissent l'univers. Et moi, à la fois tellement minuscule et gigantesque, improbable chaînon manquant entre la théorie des quantas et celle de la gravitation universelle (Stephen Hawkins s'occupe du bazar !)...

Dans le même genre, Jean d'Ormesson a publié chez Gallimard en 1996 "Presque rien sur presque tout", un roman époustouflant où il virevolte de l'astrophysique aux sciences humaines en passant par l'art, les mathématiques.... A des années lumière de mes réflexions à trois francs six sous. C'est du talent à l'état pur et en plus c'est très abordable ! A lire !

Voilà, fin du voyage. Un grand merci à Jean Claude et à la roue de TGV. D'après mes horaires, le prochain voyage est pévu pour les étoiles à neutrons. Sur ce je vais aller me boire une bonne bière.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire