vendredi 11 juin 2010

To restaurer or not restaurer....



En trainaillant l’autre jour sur les emprises du Chemin de Fer de la Mure à Saint Georges de Commiers, j’ai admiré la caténaire flambant neuve qui remplace celle d’origine, plus que centenaire. Et quand à 18h35, le dernier train est entré en gare, j’ai eu comme un petit coup de nostalgie…


Oui, j’avoue, la vénérable Sécheron T8 des années 30 sous cette ficelle rutilante n’avait plus le même charme. J’aimais bien ces poteaux béton dont le ferraillage finissait par ressortir, ce câble tout détendu à force d’alimenter du panto, cette voie dont l’écartement devait bien osciller entre 90 cm et 1,10 m à force d’avoir supporté pendant des années des trains d’anthracite chargés jusqu’à la gueule. La plus pure de France l’anthracite s’il vous plaît !


Et c’est là que j’ai mesuré le dilemme qui doit hanter les nuits des responsables du Chemin de Fer. Certes, les petites Sécheron font l’objet des soins les plus amoureux de la part de leurs mécaniciens. Mais bon, Elles atteignent aujourd’hui 80 ans et il y a bien un moment où malgré tout, la mécanique sera à bout de souffle.



Quid alors ? Acheter de vieilles locos d’occasion ? Encore faudrait-il qu’il en existe sur le marché. Et les spécifications techniques propres à chaque réseau (alimentation électrique, rayon de courbure etc, etc..) ne faciliteraient vraiment pas la tâche. En construire de nouvelles ? Si sur une série de 250 locomotives on arrive à tirer les prix de façon raisonnable, imaginez concevoir, construire et tester une mini série de 3 à 4 motrices ! Du vrai sur mesure avec des coûts Rolls Royciens !

Alors ? Ben alors je ne sais pas, je suis vraiment partagé !

Plus largement, je pense au patrimoine dans son ensemble. Faut-il le conserver en l’état pour qu’il soit réellement le témoin de son temps ? Le restaurer ? Mais alors ce qui fait l’âme d’un monument, sa patine, ses pierres d’époque disparaît au profit de quelque chose de tout neuf.



Par exemple, la cathédrale de Strasbourg aura la totalité de ses blocs de grès rose remplacés dans quelques années. Est-ce qu’on la contemplera avec le même œil ? Personnellement je crois que je regretterai la magie du : "Waow ! Et dire que cette première pierre a été posée en 1015 par Werner de Habsbourg…"

Mais bon, on ne peut pas non plus tout laisser s’écrouler béatement sous prétexte que c’est patrimoine et qu’il faut laisser ça tel quel ! Les églises baroques restaurées de Haute Maurienne ont retrouvé un éclat somptueux après restauration et Versailles serait bien mal en point sans les titanesques travaux entrepris depuis des lustres (dont une bonne partie est financée par des mécènes américains !).



Mais comme j’ai le goût du compromis (défaut ou qualité ?), je trouve qu’une fois encore ce sont nos amis grands bretons qui se sont montrés les plus pragmatiques : ils restaurent tout simplement les ruines. Lorsque j’ai vu ça au château de Framlingham à l’âge de 12 ans, je me suis dit ʺils sont fous ces Anglais". Mais depuis j’ai bien changé d’avis !







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